Témoignage de Serge chez les Inkas Vivants


Chez les Inkas Vivants


VOLONTARIAT HUILLOC OCTOBRE 2013
RÉDIGÉ PAR SERGE EGGERMONT, kinésithérapeute et bénévole.

Ce n’est pas dans mon berceau que j’ai hérité de la passion du Pérou, mais a l’adolescence que je l’ai contractée comme on contracte une maladie !
Ayant eu la chance de suivre les cours donnés par un enseignant  passionné par l’histoire, il m’a communiqué son virus.
En lisant un livre sur la conquête  de ce pays par F Pizarro, je me suis consacré a l’étude des civilisations précolombiennes et à leur ethnologie, en me jurant de m’y rendre un jour.
En 1997 j’ai eu enfin l’occasion, à 49 ans, de réaliser mon rêve et amoureux également de la montagne, mon choix c’est porté tout naturellement sur le Pérou.
C’est avec mon sac à dos que j’ai parcouru le pays en essayant d’aller à la rencontre des gens.
Cela a été frustrant parce que relativement superficiel.

Arrivé à l’âge de la retraite je me suis dit que je pourrais m’investir et faire profiter les populations défavorisées de mon expérience de kinésithérapeute !
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce fut ardu, les grands organismes comme MSF, handicap international et autres m’ayant envoyé sur les roses.
Finalement, coup de bol, ma prof d’espagnol m’a fourni les coordonnées de Danielle.
Instantanément le projet dont elle m’a parlé a rencontré mon adhésion parce que cela correspondait pile poil à mes objectifs et à mes compétences : s’occuper de santé et d’éducation auprès des mères et des enfants en bas âge. Le rêve enfin en voie de concrétisation !!!
Très vite le courant est passé entre nous et on s’est aperçu que nous pouvions travailler ensemble et en toute confiance.

C’est donc de cette manière que je me suis envolé pour Lima un beau jour  d’octobre.
Arrivée  à Patacancha chez Leucatorio et  son épouse, accueillis avec  gentillesse, bénéficiant d’une nourriture savoureuse et naturelle : que des produits issus de leur potager ou cueillis en montagne. Il faut dire que le village est situé à 4000 m d’altitude et que la pollution est inconnue. De plus les contacts étaient tout aussi naturels et les échanges enrichissants.
Les choses se sont corsées quand avec Danielle nous nous sommes rendus à la maison de santé : l’infirmière qui avait été contactée par Daniel, des Inkas Vivientes et avec laquelle je devais collaborer n’était plus la et n’avait pas informé sa collègue de  mon arrivée !
Il a donc fallu vaincre une certaine défiance (ce que je peux comprendre), et s’organiser.
Deuxième difficulté, les mères auxquelles je devais assurer une formation, pour la majorité, ne parlaient que Quechua !!! J’avais donc besoin du concours de l’infirmière qui n’avait pas que ça à faire.
J’ai pu malgré tout assurer quelques soins et apprendre les gestes à faire, notamment pour soigner les maladies respiratoires fréquentes sous ces climats et altitudes.

Après quelques jours, changement d’hôtes, nous transportons nos pénates chez Exaltación ou l’accueil est tout aussi sympa, ou j’apprends énormément sur la vie communautaire dans ces vallées perdues et ou nous partageons avec lui les préparations des repas : j’ai donc l’occasion de voir et manipuler les différents ingrédients dans leur richesse et leur infinie diversité.
Ensuite encore une semaine à Huilloc chez Victoria et mêmes problèmes qu’à Patacancha, et mêmes solutions, avec le plus que le poste de santé était plus grand et mieux équipé avec la présence deux fois par semaine d’un médecin , d’un dentiste, d’un technicien radio et de jeunes bénévoles , qui tous avaient mal au dos !!!
L’avantage était qu’ils avaient automatiquement plus de patients et que j’avais aussi plus de monde pour assurer la traduction.
En résumé, je n’ai pu assurer pleinement mes ambitions de soins, mais quelle richesse de rencontres humaines, de participation à leurs connaissances, leur savoir, leur culture, d’échanges avec les personnes, hommes, femmes , enfants croisés durant mes pérégrinations en montagne ; magiques elles aussi !!!
Au point que, juste avant mon départ, lors d’une assemblée des Inkas Vivientes ,  je n’ai pu empêcher les larmes de me venir aux yeux.

Expérience du même type chez Luis à LLachon sur le lac Titicaca, qui a eu le courage et l’énergie de venir me chercher à Juliaca ou j’étais bloqué par une grève générale , en marchant 5 heures et où il m’a aussi montré toutes les spécificités de sa région et de sa culture.
A tous ceux que le manque de confort ne dérange pas, je ne puis que recommander chaudement un séjour un peu plus long chez ces gens qui, sous une apparence froide au début se révèlent d’une gentillesse profonde et ce dans une nature (encore) préservée et magique.
SERGE

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