« Qui aurait su qu’une route de 40 minutes, brinquebalée dans une camionnette, me mènerait vers une expérience aussi incroyable et saisissante que le paysage de la vallée de Patacancha ?
Et pourtant, le village de Huilloc est la preuve que les traditions ancestrales ne se perdent jamais, elles coulent dans le sang de ces habitants qui vivent aujourd’hui entre deux mondes, ils sont les Inkas Vivientes. Ils sont forts et fiers comme les montagnes qui les entourent, qui, comme les rivières, les ont vu naitre et les protègent.
Ce village abrite une terre aussi colorée et généreuse que ses habitants, qui sont dotés d’une hospitalité sans limite, le cœur ouvert pour partager, échanger sur la vie, et sur cet environnement magique qu’ils connaissent si bien. Les maisons restent ouvertes à qui souhaite s’asseoir et discuter avec la tisserande qui, de ses doigts, façonne des symboles originels, pour jouer avec les enfants, ou bien afin de partager un bon repas riche et copieux.
J’ai donc passé presque deux mois sans apercevoir ni la lune, ni le coucher du soleil. Pourtant, les regards éclatants et bienveillants des runa simis de Huilloc m’ont ébloui comme la lumière de l’astre de la nuit, et leurs sourires chaleureux m’ont réchauffée comme les couleurs d’un coucher de soleil.
J’ai eu la chance de faire partie de leur quotidien, de me lever avec eux, travailler au champ, d’apprendre à tisser, de célébrer le carnaval ensemble, d’aller pêcher, de partager les repas, et de découvrir comment ils s’alimentent en nourrissant la terre d’amour et de respect afin qu’elle les nourrisse à leur tour.
Entre deux mots en quechua et un sourire, nous nous comprenions, car les choses sont bien plus simples et sans artifices ici-bas. Ainsi, en deux mois, je suis passée de simple pasajera à une amie, une alliée à l’autre bout du monde.
Chaque journée dans la communauté était enrichie de sons remplis de vie : les éclats de rires des enfants, le bourdonnement du pututu à la venue de touristes, le grondement de la rivière, les voix de la radio, le silence de celles qui tissent, le braiment d’un âne dans le lointain…Ces ondes font vibrer une vallée qui ne dort jamais, et qui ne cesse de faire rêver.
La fin de mon séjour fut étrange, il s’est écourté de manière brusque. Je n’ai pas pu prendre le temps de préparer mon départ, de faire mes adieux, de leur faire tous mes vœux. Alors, je leur ai donné un « aurevoir », car je reviendrai en ayant préparé mon retour. »